Alors que je suis en confinement et en travail à domicile forcé comme une grande majorité, je ne peux m’empêcher d’établir des liens entre cette crise et tout ce qu’elle nous apprend sur les conditions requises pour se transformer. Dans notre livre Osez la transformation d’entreprise - Sept clés pour clarifier votre parcours mon associée Manon Champagne et moi proposons sept clés pour éclairer un parcours de transformation. Voyons comment ces sept clés s’appliquent dans le cadre de la transformation de société que nous devons effectuer aujourd’hui pour traverser la crise sanitaire actuelle :
Les raisons pour lesquelles il faut se transformer sont légitimes, connues, acceptées et partagées.
Nos gouvernements ont observé ce qui se passait en Chine et en Europe. La vitesse de propagation ailleurs n’allait pas nous épargner si on ne faisait rien. Le Québec a réagi rapidement et a instauré un mode de communication efficace qui se veut directif tout en étant rassurant. En expliquant pourquoi la distanciation sociale était le comportement le plus important à respecter, ils ont su faire respecter cette consigne relativement rapidement et facilement parce que le message était légitime, bien expliqué et a été accepté par une grande majorité.
Il existe une vision claire et partagée de ce que l’on veut accomplir avec cette transformation.
Dans le contexte de la COVID-19, cette vision consiste à contenir la propagation et à réduire les impacts économiques afin de revenir aussi rapidement que possible à un contexte où il sera possible de vaquer à nos occupations régulières sans crainte de contagion.
La combinaison de ces motifs et de cette vision donne un sens à ce chambardement de nos habitudes.
Cette vision est traduite en quelques objectifs-clés qui donnent des orientations stratégiques précises.
Si nous partageons cette vision, faut-il encore savoir comment l’atteindre. Avec la COVID-19, nous avons des objectifs clairs et communs pour réaliser la vision : se confiner à domicile, éviter les regroupements, pratiquer la distanciation sociale quand on doit se déplacer, se laver les mains fréquemment, éviter de toucher son visage, etc.
Des comités et des mécanismes de gestion et de suivi sont en place afin de gérer la transformation, prioriser et suivre les initiatives stratégiques ainsi que suivre et traiter en continu les enjeux reliés à la transformation.
Toute une panoplie d’écosystèmes ont été mis en place au niveau des gouvernements, villes, hôpitaux, entreprises, services d’urgence et autres pour coordonner les efforts reliés à cette « transformation » (ex. : cellules de crise, système de traitement des tests et personnes infectées, mesures de télétravail).
Les « initiatives prioritaires » pour atteindre les objectifs-clés sont définies.
Pour atteindre les objectifs, individuellement et collectivement, il nous a tous fallu revoir nos priorités : annuler des événements, reporter ou réduire des projets et établir de nouvelles priorités pour gérer la crise. Quant aux gouvernements, la priorité était d’abord de mettre en place les initiatives pour réduire les risques de contagion, puis celles qui aideraient la population à survivre financièrement suite aux répercussions de ces premières mesures, et finalement aider les entreprises à survivre. On voit déjà poindre les priorités pour relancer l’économie tout en gardant en tête nos objectifs prioritaires pour pouvoir le faire de façon sécuritaire.
Le niveau d’engagement des gestionnaires et des employés pour la transformation et les projets est mesuré régulièrement afin d’adapter les pratiques de gestion du changement.
Maintenir l’engagement de la population à respecter les consignes si la situation perdure demeurera un défi. Les points de presse quotidiens des autorités gouvernementales ou encore les communications fréquentes des dirigeants d’organisation pour tenir tous au courant de l’évolution de la situation demeureront de la première importance pour soutenir l’engagement de tous malgré les défis que nous devons relever. Au moment de la relance, il faudra garder l’engagement de tous envers la vision de contenir la propagation du virus. On ne lèvera pas les consignes du jour au lendemain et revenir à nos anciennes habitudes et anciennes façons de faire.
L’organisation s’est donné les moyens de soutenir les changements. Les comportements, les pratiques et la réalisation des bénéfices visés par la transformation sont audités et mesurés jusqu’à ce que les changements soient bien ancrés.
Plusieurs mesures sont actuellement en place pour suivre la situation : nombre de tests disponibles et administrés, nombre de personnes infectées, nombre de décès, interventions auprès des personnes qui ne respectent pas les consignes.
Sans aucun doute, nombre de nos façons de faire et de penser seront transformées à l’issue de cette crise. Lesquelles? Encore difficile à dire. Chose certaine, notre maîtrise des plateformes de collaboration et notre capacité de travailler à distance auront augmenté.
Vous vous rappelez du H1N1 en 2009 ? Cette crise nous aura encouragé collectivement à adopter un nouveau comportement : tousser dans notre coude. Combien de grippes et rhumes ont été évités depuis ce temps parce que nous avons adopté cette pratique ? Souhaitons maintenant que la crise du COVID-19, une fois terminée, se traduira elle aussi par des retombées positives pour la société et chacun d’entre nous. Quel impact aura-t-elle eu sur la globalisation ? Est-ce que le mouvement d’achat local renversera une tendance mondiale des 30-40 dernières années
Co-fondateur, vice-président et conseiller stratégique
Aplus